Page:Le Braz - Le gardien du feu, 1909.djvu/76

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vêtements coquets. Peut-être aussi la méprisait-elle un peu, tout en la jalousant. Robuste fille de Sein, façonnée dès l’enfance aux dures besognes de la terre, elle devait avoir en mince estime la Trégorroise nonchalante qui recourait à une mercenaire, ne fût-ce que pour laver son linge, et ne faisait œuvre de ses dix doigts que de feuilleter des livres ou de broder. Broder ! La ménagère d’un gardien de phare ! Et, quant aux livres, comment pouvait-on se permettre d’en lire d’autres que le livre de messe, à moins d’être une créature vicieuse, une femme de péché !… Ainsi raisonnait l’Ilienne : et elle ne raisonnait déjà pas si mal. L’événement l’a prouvé.

— Je renonce à l’apprivoiser, m’avait, un jour, déclaré Adèle… J’ai essayé de la prendre par ses enfants : ils sont encore plus ombrageux que la mère. Lorsque je leur tends des sucreries, ils se sauvent à toutes jambes, ni plus ni moins que si j’étais la peste.