Page:Le Braz - Le gardien du feu, 1909.djvu/80

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— Allons ! en route, les damnés de l’Enfer du Raz, disait Adèle en se hissant à mes côtés, dans la voiture.

Rentré à la caserne, une demi-heure, une heure après elle, à cause de la carriole et du cheval qu’il fallait ramener chez leur propriétaire, je la surprenais à genoux devant le tiroir entr’ouvert de la commode où elle venait de serrer son tablier de moire et son châle-tapis ; et si j’attirais à l’improviste contre mon sein sa tête décoiffée, mes lèvres, sous l’emmêlement des cheveux, ne pressaient qu’une bouche sans baisers et des yeux embrumés de larmes.

Je ne me sentais pas le cœur de lui en vouloir. Aussi bien, dans ma pensée, la coupable, ce n’était pas elle, mais cette maudite contrée du Raz et l’existence qui nous y était faite. Je ne rêvais plus que d’un changement de poste.

Peut-être avez-vous gardé mémoire, mon ingénieur, d’une lettre que je vous adressai