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Page:Le Braz - Vieilles histoires du pays breton, 1905.djvu/47

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LE BÂTARD DU ROI

la marquise de Locmaria, vous êtes bien l’homme que je pensais… Je puis tout vous dire, car vous êtes digne de tout entendre…


III


Dame Claude, cependant, après avoir « piloté » les gens de la marquise à travers les appartements réservés à leur maîtresse et qu’elle allait occuper pour la première fois, après leur avoir fourni, d’assez mauvaise grâce d’abord, et finalement avec une obligeance à peu près apprivoisée, les renseignements les plus complets et les plus minutieux sur les habitudes de la maison, dame Claude était rentrée chez elle, sous la nuit sombre où les arbres du parc, animés par l’ouragan d’une vie effrayante, poussaient des plaintes lugubres et se tordaient en des convulsions désespérées.

La superstitieuse paysanne songeait :

Mme de Locmaria nous arrive escortée par la tempête. C’est signe que de tout ceci il ne résultera rien de bon.

Au logis, elle trouva les quatre marmots qui dormaient à poings fermés, les coudes sur la table. Elle les coucha, saisit son tricot et s’installa près du foyer, à la lueur d’une chandelle de résine, pour attendre le retour de Guillaume Guégan.

Une curiosité fiévreuse la travaillait ; elle brûlait d’im-