Page:Le Bulletin communiste, janvier à juin 1922.djvu/435

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

BULLETIN COMMUNISTE

i.

le fait crue les obstacles politiques intérieurs et extérieurs. qui entravent le développement de rimpérialisme japonais, deviendront toujours plus importants. 31 se prépare, en Asie orientale, une lutte non seulement entre les puissances capitalistes en action sur cette partie du continent asiatique, mais aussi entre le capital et la masse des exploités, lutte qui ébranlera encore plus le monde que la guerre de 1914-1918, et dont ie capital international, malgré Washington et Gènes, ne pourra pas enrayer les conséquences. -

A. FRIEDRICH.

(Traduit de fallemand par Pierre Franklin.} Gandhi et l’Impérialisme britannique Nous publions avec un certain retard cet article écrit par un Hindou communiste avant l’arrestation et la condamnation de Gandhi. Malgré son ancienneté, il n’en conserve pas moins sa valeur.

Le mouvement révolutionnaire aux Indes, en vue de la destruction de l’impérialisme britannique, vient de passer par une période de crise aiguë. Et, au train où vont les choses, la situation ne tardera pas à redevenir critique. La révolte contre le pouvoir britannique est si profonde et si générale que les crises iront se multipliant jusqu’à ce que la position de l’Angleterre aux Indes devienne intenable.

Depuis les massacres d’Amritsar en avril 1920, par ordre du général anglais Dyer, la campagne menée par Gandhi pour l’indépendance politique a fait parcourir aux masses, avec une rapidité phénoménale, les étapes d’un développement menant à l’élaboration d’une méthode de combat unique et à une vision nettement révolutionnaire des choses. Les masses du peuples se sont, avec une unanimité étonnante, précipitées dans le conflit contre la domination britannique aux côtés de Gandhi. Elles ont pour lui une vraie vénération et le considèrent comme une figure légendaire de saint, si bien que son nom seul exerce une singulière puissance de séduction, aussi bien sur les émotions individuelles que sur les convictions politiques de chaque Hindou.

En effet, le succès obtenu par la propagande zélée menée par le Congrès national pan-indou — l’organisation politique du mouvement révolutionnaire — est tel qu’en beaucoup d’endroits, le peuple, dans son zèle et son enthousiasme, est prêt à dépasser, dans son activité révolutionnaire, les limites tactiques qu’il serait prudent d’observer pour le moment dans la lutte contre les autorités britanniques. Dans quelques districts de la province méridionale de Madras et dans quelques villes du Nord de l’Inde — régions très éloignées et habitées par des races historiquement fort diffèrentes - - le peuple répond déjà par la violence organisée à la politique de répression du gouvernement. Cette réaction dans le peuple s’écarte des théories politiques de Gandhi, a toujours insisté avec emphase sur la nécessité d’opposer une « non-violence » absolue aux mesures de discipline pénales et militaires du gouvernement britannique, qu’il décrit comme « impur » et « d’origine satanique ». Il a toujours fait ressortir combien il était vain pour les Hindous, qui ne sont ni armés, ni outillés pour la production d’engins de guerre, d’essayer de détruire par la violence l’impérialisme britannique arme jusqu’aux dénis. Gandhi propose de détruire par la « force morale » ce qu’il ne peut ou ne veut pas détruire par les gaz asphyxiants et les explosifs d’artillerie. Il va même plus loin. Non seulement il dénonce ces méthodes « civilisées » de guerre, mais il s’élève de toute son autorité contre l’importation aux Indes de l’idéologie et de la technique de cette « civilisation » que l’Europe et l’Amérique industrielles ont élaborées sous la direction du capitalisme organisé.

Mais a vont que Gandhi ait- pu appliquer la u force morale », Il eut à la créer et à la concentrer. Pour tenter pareille expérience dans le vaste laboratoire humain des Indes, ii fallait un Jiumme de l’audace intellectuelle de Gandhi. Les gouverneurs britanniques aux Indes qui apprécient avant tout l’emploi de ia force physique, se trouvent fort embarrassés devant cette application de force morale » à une cause aussi réelle que celle de i indépendance politique d’un pays, fis affectèreriL tout d’abord une attitude de neutralité. Mais ils se voient forcés aujourd’hui dévaluer plus exactement la quantité et la qualité de ia u force morale » que Gandhi a réveillée dans toute l’étendue du pays pour la destruction de i’ernpire britannique. ‘ ’ Comme je l’ai dit plus haut, il devient de plus en plus difficile de maintenir l’opposition sur le domaine purement moral, car une grande partie des militants nationalistes,, qui n’ont pas .Ja gronde élévation murale de Gandhi, sont disposés à répondre à la force par la force comme de simples mortels. Plus la répression exercée par ie gouvernement sera grande, plus sera violente lu. réaction des masses. "

U ne faut pas non plus oublier l’étroite union dans laquelle Gandhi travaille avec les musulmans, comme les frères Mahomet et Shankat Ali, qui ne cachent pas qu’ils sont prêts à avoir recours à Ja force armée si les circonstances les y forcent. En réalité, ils envisagent hardiment et préparent peut-être une période où les partisans de l’autonomie des Indes seront obligés de marcher k travers le sang pour atteindre leur but. Aux dernières réunions de la Ligue musulmane — un*- association politique qui poursuit les mêmes buts que le Congrès nationaliste pan-hindou — la fraction qui croit à l’emploi de la force armée fut s lu* le point fie voter une résolution demandant la proclamation immédiate de la République indépendante des Etats-Unis de J’Inde et l’ouverture d’une campagne de petits guerres civiles conlre l’Angleb-rre. Gandhi s’assura du rejet de cette résolution en alléguant qu’on effaroucherait l’aile droite de ses partisans et Jes détournerait de la f£ désobéissance civile aux autorités de l’Angleterre. Le refus de payer les taxes au gouvernement fut le trait le ojus important de sa politique. Gandhi s’est employé ’ *out entier h ’arganiser la désolx.issam-o civile, qui, après avoir été adoptée dans certains districts, gagne h présent tout le pays. En grand nombre d’Hindou :- : se sont enrôlés dans Ynrmr’p volontaire nationale, chargée de Ja propagande, RepJK’onp d’entre eux ont été arrêtés et mis en prison. En réalité, le nombre d’arrestations est si grand que les prisons existantes ne suffisent plus.