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oncle, lorsqu’il revenait de l’Yemen, avec de grandes richesses. Ce souvenir était gravé dans son cœur, et le désir de la vengeance l’animait plus encore que le zèle de la religion. Il campa près d’un de leurs puits. Les Jadimites s’y étaient rassemblés en armes, il leur proposa de se faire musulmans, et sur leur refus il leur livra combat. Ils furent vaincus. Une partie resta sur le champ de bataille. Les autres prisonniers devaient être emmenés en captivité[1]. Khaled leur ayant fait lier les mains derrière le dos, en immola plusieurs aux mânes de son oncle. Il proposa à ses compagnons d’égorger le reste. Salem, qui commandait une partie de l’armée, s’opposa à l’exécution de cet ordre barbare. Sa fermeté sauva les captifs. Mahomet blâma hautement la conduite de son général. Il leva les mains au ciel, et dit : « Seigneur, je suis innocent du crime qu’il a commis. » Il envoya sur-le-champ Ali avec une somme d’argent pour payer le sang des Jadimites. Lorsque l’envoyé eut acquitté tout ce que la loi exigeait, il demanda aux parens de ceux qui avaient été tués injustement, s’ils étaient satisfaits. Nous le sommes, répondirent-ils. La somme n’étant pas épuisée, il distribua à ces malheureux le reste de l’argent. Mahomet donna de grands éloges à la générosité d’Ali.

Les idolâtres se rendaient en foule à la Mecque, et prêtaient serment d’obéissance au vainqueur. Les Hawazenites, commandés par Malec, et les Takifites osèrent s’opposer au torrent[2]. Ces tribus belliqueuses engagèrent leurs alliés à s’armer pour défendre leur liberté et leurs dieux. Les Saadites et les Jochmites se rendirent à leur invitation. Ces derniers avaient pour chef Doraïde, vieillard de plus de cent ans, qui, sous les débris d’un squelette ambulant, conservait la vigueur d’âme et le cou-

  1. Abul-Feda, page 111.
  2. Idem, page 112.