Page:Le Coran - Traduction de Savary, volume 1, 1821.djvu/16

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préface.

traduit verset pour verset. Le ton prophétique que prend Mahomet fait qu’il s’enveloppe souvent d’ombres qui lui donnent un air mystérieux ; j’ai respecté cette obscurité, aimant mieux laisser la pensée obscure que de l’affaiblir en l’éclaircissant. Les endroits les plus difficiles sont accompagnés de notes explicatives. Souvent aussi ces notes ne servent qu’à faire connaître le sentiment des commentateurs, les mœurs des Arabes, ou des faits qui, ayant rapport à l’ouvrage, peuvent intéresser le lecteur. J’avoue que je n’aurais jamais osé entreprendre la traduction d’un livre aussi difficile, si le long séjour que j’ai fait parmi les Orientaux ne m’eût mis à portée d’entendre un grand nombre de passages qui sans cela m’eussent paru inintelligibles.

L’abrégé de la vie de Mahomet, mis à la tête de l’ouvrage, est tiré des auteurs arabes les plus estimés. Il servira à donner une idée juste de cet homme extraordinaire, peint comme un monstre par les écrivains grecs et latins, représenté comme le plus grand des prophètes par les mahométans. Je me suis gardé de la partialité des uns et de l’enthousiasme des autres. Pour mettre le lecteur en état de prononcer avec sagesse sur le législateur de l’Arabie, j’ai rapporté fidèlement ses faits, et non les miracles ridicules que des fanatiques lui ont faussement attribués.

Je terminerai cette préface en rapprochant une page de la traduction de Du Ryer, et une page de la mienne, afin qu’on puisse en faire la comparaison.