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ix
préface.

marche. Il a séparé les versets comme ils le sont dans le texte ; mais négligeant ce précepte du grand maître,

Nec verbum verbo curabis reddere, fidus
Interpres, etc.

Il l’a rendu mot pour mot. Ce ne sont pas les pensées du Coran qu’il a exprimées, ce sont les mots qu’il a travestis dans un latin barbare. Cependant, quoique cette traduction fasse disparaître les beautés de l’original, elle est encore préférable à celle de Du Ryer. Maracci y a joint des notes savantes, et un grand nombre de passages arabes tirés des docteurs musulmans ; mais comme son but principal est la réfutation, il a soin de choisir ceux qui lui fournissent une plus ample matière. On peut lui reprocher de s’abandonner trop à l’ardeur de son zèle, et, sans respecter le titre d’écrivain, de souiller sa plume par les injures les plus grossières.

M. Sale a donné depuis peu une version du Coran en anglais. Je ne sais pas assez cette langue pour en apprécier le mérite ; mais elle doit être excellente si l’on peut en juger par ses Observations historiques et critiques sur le mahométisme, mise à la tête de la dernière édition de Du Ryer.

Persuadé que le mérite d’un traducteur consiste à rendre l’original avec vérité, je me suis efforcé de faire passer dans notre langue les pensées de l’auteur avec le coloris, la nuance qui les caractérisent ; j’ai imité autant qu’il a dépendu de moi la concision, l’énergie, l’élévation de son style ; et pour que l’image soit ressemblante au modèle, j’ai