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de la vie de Mahomet.

butaire, ou musulman. La mort vint détruire ces flatteuses espérances. « Il tomba malade au mois de Safar. La fièvre le surprit chez l’une de ses femmes nommée Zaïnab[1]. Chacune d’elle avait sa maison particulière, et il les visitait tour à tour. Le lendemain se trouvant dans l’appartement de Maïmouna, et le mal augmentant, il rassembla ses épouses, et leur demanda la permission de passer le temps de sa maladie chez l’une d’elles. Toutes allèrent au-devant de ses vœux, et la maison de la tendre Aïesha lui fut désignée. Il s’y fit transporter sur-le-champ. « Ô ma chère Aïesha ! lui dit-il, depuis que j’ai mis dans ma bouche le fatal morceau de Khaïbar, je n’ai cessé de ressentir les funestes effets du poison ; mais dans ce moment-ci il dévore mes entrailles, il déchire les veines de mon cœur. » Au plus fort de la douleur, il méditait une expédition dont il désirait ardemment le succès. La mort de Zaïd n’avait point été vengée. Il fallait des ruisseaux de sang pour apaiser les mânes d’un ami. Il fit venir son fils Oçama, et lui commanda de faire une irruption dans la Palestine, à la tête d’un corps de cavalerie, et de ravager tout le pays depuis Balca et d’Aroum, jusqu’à Obna, où Zaïd avait succombé[2]. Cet officier n’avait que vingt ans ; mais il avait à venger la mort d’un père, et Mahomet ne balança pas à lui confier le commandement de l’armée. Malgré de violens accès de fièvre, il s’occupa des préparatifs, et nomma les officiers et les soldats qui devaient être de l’expédition. Le lendemain de grand matin, il se fit apporter l’étendard de l’islamisme, et le remettant au jeune général, il lui dit : « Prenez les armes pour la cause de Dieu ; faites vaillamment la guerre sainte, et passez les idolâtres au fil de l’épée[3]. Oçama partit, et alla

  1. Abul-Feda, page 133. Jannab, page 284.
  2. Mousa, fils d’Ocba.
  3. Jannab.