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camper à Jorf, peu distant de Médine. Ayant appris que la maladie devenait plus grave, il s’y arrêta. La mort du prophète fit différer l’expédition jusqu’au mois de Rabie. Ce fut alors qu’Oçama, ayant porté par l’ordre d’Abubecr le fer et la flamme en Syrie, tua de sa propre main le meurtrier de son père.

Tandis que Mahomet était aux prises avec la douleur, on vint lui annoncer la révolte d’Aswad, surnommé Aïala (le changeant)[1]. Sa naissance et son esprit avaient acquis une grande considération parmi les Arabes de l’Yemen. Badhan, qui en était vice-roi pour Mahomet, étant venu à mourir, il leva l’étendard de la rébellion, tua son fils, et s’empara du gouvernement. Devin habile et grand faiseur d’enchantemens, il se disait inspiré par deux esprits[2], qui lui apportaient la révélation divine. Tandis qu’il en imposait par des prestiges grossiers aux yeux de la multitude, il soumettait par ses armes les diverses tribus. Ses premiers succès furent brillans ; mais l’apôtre des croyans prit de sages mesures pour les arrêter. Il écrivit à ses partisans, et Firous, dont le devin Aswad avait tué l’oncle, le mit à mort. L’Yemen rentra sous l’obéissance de Mahomet.

Le mal faisait des progrès rapides. Les Musulmans tremblaient pour les jours de leur apôtre. Fatime vint lui rendre visite. Elle s’avança au milieu de sa chambre avec cette majesté qui caractérisait la fille du prophète. Mahomet la voyant s’approcher de son lit, s’inclina vers elle et lui dit :

  1. Jannab.
  2. Ces deux esprits se nommaient Sohaik et Choraik, le frottant et le resplendissant. Le premier lui avait vendu un âne accoutumé à faire mille tours de souplesse. Le second faisait paraître des fantômes merveilleux et des spectres qui étonnaient la multitude. C’était ainsi que le devin Aswad en imposait par des prestiges aux faibles yeux du vulgaire.