Page:Le Coran - Traduction de Savary, volume 1, 1821.djvu/409

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Ainsi nous l’éloignâmes du crime, parce qu’il était notre fidèle adorateur.

Elle courut après Joseph qui fuyait vers la porte, et lui déchira sa robe par-derrière. Le mari se trouva à l’entrée de l’appartement. Que mérite, lui dit-elle, celui qui vient d’attenter à l’honneur de ta femme, sinon la prison, ou un châtiment rigoureux ?

Seigneur, dit Joseph, c’est votre épouse qui m’a sollicité. Un des parens prononça ces paroles : Si le manteau est déchiré par-devant, votre femme dit la vérité, et Joseph est coupable ;

Mais s’il est déchiré par-derrière, elle est criminelle et Joseph innocent.

Le seigneur égyptien, voyant le manteau déchiré par-derrière, dit à son épouse : Voilà de vos fourberies ! sont-elles assez grandes ?

O Joseph ! garde le silence sur cette aventure, et toi, implore le pardon de ta faute, tu es seule coupable.

Les femmes se dirent dans la ville : L’épouse du seigneur a voulu jouir de son esclave. L’amour a enflammé son cœur ; elle est dans l’aveuglement.

Ayant appris leurs discours, l’épouse du seigneur les invita à un grand festin[1]. Elle leur donna des couteaux tranchans, et elle fit paraître Joseph. Char-

  1. Les femmes égyptiennes se visitent fréquemment et se donnent des festins. Les hommes en sont exclus. On n’y admet que les esclaves nécessaires pour le service. Aux plaisirs de la table, elles font succéder la musique et la danse. Elles aiment l’une et l’autre avec passion. Les Almé, c’est-à-dire les filles savantes, font le charme de ces festins. Elles chantent des airs à la louange des convives et finissent par des chansons d’amour. Elles forment ensuite des danses voluptueuses dont la licence va souvent à l’excès.