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l’ardeur de leurs guerriers. « Courage, enfans d’Abdeldar, criaient-elles, courage ! Frappez de toutes vos épées. » Les deux partis en vinrent aux mains. Hamza, oncle du prophète, qui combattait à la tête des croyans, animait leur vaillance, et leur en donnait l’exemple. Il avait étendu à ses pieds Arta, porte-enseigne des idolâtres ; il avait fait voler la tête de Seba. La terreur devançait ses pas. Tout pliait devant lui. Tandis qu’il se laissait emporter à son courage, Washa, esclave de Jobaïr, l’attaqua par derrière, et le tua d’un coup de lance[1]. Au même moment, Mosaab, fils d’Omar, qui portait l’étendard de l’islamisme, périt. Mahomet releva le drapeau sans s’émouvoir, et le confia aux mains du brave Ali. Le combat continuait avec fureur. La victoire penchait du côté des musulmans. Les Coreïshites commençaient à lâcher pied[2]. À cette vue, les archers placés sur la montagne ne purent résister à l’appât du butin, et quittèrent leur poste ; c’était une faute impardonnable. Mahomet s’en plaint amèrement dans le Coran : « Dieu, dit-il, réalisa ses promesses, quand vous poursuiviez les ennemis défaits ; mais écoutant les conseils de la lâcheté, vous disputâtes sur les ordres du prophète, vous les violâtes, après qu’il vous eut fait voir ce qui faisait l’objet de vos vœux (le butin). » Khaled, qui aperçut ce mouvement, en profita. Il partit à la tête de la cavalerie, et vint attaquer les ennemis par derrière. Dans un instant, ils furent enveloppés. Pour jeter l’épouvante dans leur âme, il cria d’une voix forte que Mahomet avait été tué. Les croyans perdirent courage. Plusieurs prirent la fuite. Les idolâtres percèrent jusqu’au centre, où entouré de ses plus braves soldats, l’apôtre des Musulmans disputait encore la victoire. Il fut assailli d’une nuée de traits et de dards. Le visage percé,

  1. Abul-Feda, Vie de Mahomet, p. 65.
  2. Abul-Feda, p. 66.