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ajustées au buste, comme d’une sorte de corselet rudimentaire ? Lorsqu’elles enroulaient cette ceinture autour des hanches et du thorax pour accuser la taille et soutenir les seins, ne recherchaient-elles-pas déjà l’ajustement de parure qui leur tînt lieu de corset ? N’est-ce pas à cette époque que remonte les premiers essais du busc ?[1] C’est sous l’azur resplendissant de l’Attique que les premières ceintures de corps (stethodesmion) furent adoptées par les dames grecques. Il faut convenir qu’elles répondaient déjà à une nécessité pratique. Elles soutenaient la poitrine, le ventre, ramenaient la tunique aux contours harmonieux de la taille et servaient encore à attacher, à soutenir la traîne du péplum. Dans l’un de ses poèmes, Homère, le chantre de l’Hellade, en a paré Junon au moment où elle va charmer le maître de l’Olympe. Pour aller au théâtre, au cirque, les patriciennes de Rome se servaient également d’une ceinture de corps à peu près semblable (castala)[2], très évidemment employée à usage de corselet et probablement imitée de la ceinture grecque. On voit le double rôle que tenait déjà cette pièce d’habillement, dont l’usage primitif remonte aux temps fabuleux.

Or, à ces époques lointaines, les atours, les cotillons et les chiffons soyeux des dessous modernes, tous suspendus aux corsets actuels, n’étaient même pas soupçonnés. Et cependant, bien que nue sous sa tunique et à peine recouverte du manteau flottant dont elle s’enveloppait, la femme cherchait déjà le support ajusté, la pièce de corps qui devait donner satisfaction à la fois à ses commodités, à son sens esthétique et à son besoin de parure. Aujourd’hui, si légers que soient les nombreux accessoires qui constituent la toilette juponnière et sous-juponnière, il serait véritablement impossible à une femme douée de quelque goût, ayant le moindre sens de la correction, de porter suspendu aux hanches désarmées, par des bandelettes, des cordons ou des lacets, tout ce qui s’attache, se groupe ou se superpose au corset, depuis

  1. En parlant des courtisanes de la Grèce, Alexis, d’Athènes, dit : « Le ventre est-il trop gros ? On adapte des supports droits qui le resserrent et le repoussent en arrière. » — Ces supports étaient en bois de tilleul. Les hommes eux-mêmes en faisaient usage ; Cinésius, un poète d’Athènes, s’appliquait cette attelle pour dissimuler son embonpoint. Aristote l’avait surnommé, par ironie, « l’homme au tilleul, »
  2. Ces ceintures portaient encore le nom de Facia, tœnia, zona, fasciæ mamillares, etc., etc.