Page:Le Corset de Toilette.djvu/10

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dangereuses des corsets constricteurs. On a dit en son temps et l’on répète quotidiennement, en s’appuyant sur les plus graves motifs, tout le mal que produisent les corsets de confection sur l’organisme féminin.

Coupés et construits sur des proportions, des formes arbitraires et souvent ridicules par surcroît, il est de fait que ces corsets, tout en habillant très mal, ne peuvent que provoquer des troubles fâcheux, de graves désordres même dans l’économie. Des praticiens expérimentés ont vigoureusement tracé le tableau des méfaits de cette enveloppe trop rigide, hermétique, désastreuse de forme, sorte de squamata anti-physiologique, anti-orthopédique, dont l’action prolongée a pu déterminer des altérations et des affections organiques.

C’est que le corset fabriqué par masses sur une coupe conventionnelle, impersonnelle, anti-anatomique, mérite bien en vérité tous les reproches qu’on lui adresse. C’est une confession qu’il faut faire si l’on veut réagir rationnellement, non contre le principe du corset, ce qui serait excessif et bien inutile, mais contre sa construction défectueuse et ses vicieuses applications. Il serait superflu, puéril, de condamner le corset. Tout ce qu’on a dit ou tenté dans ce sens a misérablement échoué. Comment s’expliquer autrement d’ailleurs qu’après tant de critiques valables, d’objurgations sévères, de satires cuisantes, le corset ait tenu bon envers et contre tous et se soit généralisé même ? Pourquoi enfin, en dépit de toutes ses imperfections, reste-t-il plus que jamais l’ajustement essentiel, primordial, dont toute femme scrupuleuse de sa tenue ne voudrait, ne pourrait se dispenser ? C’est cela qu’il faut s’expliquer.

Il est évident que le corset baleiné constitue dans les modes contemporaines le support indispensable, la structure principale, le substratum, pourrait-on dire, de tous les ajustements de la toilette régulière, même de la plus modeste, dont il relève et harmonise la simplicité.

Pour bien comprendre la résistance féminine, à tant d’objections fondées, il ne faut pas oublier que les premiers rudiments de ce vêtement se confondent avec l’histoire même du costume féminin. Les femmes de l’antiquité, dont la plastique sculpturale à peine voilée inspirait les Praxitèle et les Phidias, se servaient déjà de bandes de corps,