Page:Le Corset de Toilette.djvu/13

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ment ébloui et trompé, reste forcément condamnable. Pourquoi ? Parce que tous ces corsets, nous le répétons à dessein, sont coupés, confectionnés par séries, par masses, sur des mesures, des formes et des proportions arbitraires, que les rectifications rendent automatiquement plus fausses encore. Dès lors, comment pourraient-ils s’appliquer sur le torse autrement que par des pressions et des contacts imprécis,antiphysiologiques,très capables de déformer le squelette thoracique, d’entraver le mécanisme respiratoire ; très capables encore de déplacer, de léser gravement les organes internes, dont ils altèrent le fonctionnement régulier ?

C’est ce que nous vérifierons d’ailleurs dans la suite.

Et sait-on bien que ces coupes et ces formes, arrêtées par des confectionneurs par trop dénués d’instruction technique, sont ajustées sur des mannequins types inanimés ou vivants, mais toujours passifs et professionnellement déformés (1)[1]. Cette méthode défectueuse, irraisonnée, a donné naissance à toutes ces créations nouvelles, à tous ces genres sensationnels, à toutes ces productions paradoxales, parfois créatrices de difformités, que la mode spéculatrice cherche à mettre en vedette. Le plus désastreux, c’est que ces confectionneurs, qui ne possèdent point les connaissances essentielles à leur art, seront ensuite servilement copiés par l’armée des corsetiers et corsetières,, plus incapables encore d’une critique fondée sur des prescriptions scientifiques qu’ils ignorent.

Fatalement, toutes ces conceptions imaginatives n’auront d’autre règle que les fantaisies et les caprices de la mode, cette mode qui, à côté de tant de jolies superfluités, a engendré tant de formes baroques, excentriques, blessantes, aussi peu plastiques que peu hygiéniques et contre lesquelles nous entendrons dans un instant s’élever les protestations les plus véhémentes.

Il est cependant très possible aujourd’hui de confectionner, de réaliser le corset idéal ; mais on ne le pourra faire que sur des mesures et des repères précisément anatomiques, au moyen d’une

  1. (1) Nous avons appliqué une ceinture de Glénard pour un rein flottant, une néphroptose à droite, à une corsetière qui donnait le ton à sa clientèle. Elle s’était déformée à tel point que ses flancs ravagés offraient latéralement, exactement au-dessus des crêtes iliaques, une corniche large de trois doigts qui pénétrait jusque dans le bassin.