Page:Le Corset de Toilette.djvu/28

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galbe, comme le fourreau sur le parapluie. On a une idée de cet habillement peu esthétique en revoyant les portraits de Mme de Staël, de l’Impératrice Joséphine et de la jolie Mme Récamier. Mais, à ce moment même, une réaction s’esquisse. La mode tend à revenir à l’ancien corset. Cela ne fut pas sans provoquer les protestations de Napoléon lui-même. En quelques phrases brèves, impérieuses, l’empereur donne issue à sa mauvaise humeur: « Ce vêtement, disait-il à Corvisart,

Révolution et Empire
Brassière soutenant les seins. Robe à l’antique avec ceinture mammaire.

est d’une coquetterie de mauvais goût. Il meurtrit les femmes et maltraite leur progéniture. Il n’annonce que des goûts frivoles et me fait pressentir une décadence prochaine ». Ce qui n’empêcha point l’impératrice Marie-Louise de dissimuler son embonpoint naissant sous la compression de l’un de ces corsets si militairement exécutés.

Cuvier traduisit aussi sa désapprobation. Se promenant un jour dans les serres du Muséum avec une jeune femme de sa parenté, il s’arrête soudain devant une fleur rare aux nuances délicates ; puis, sous les yeux de son interlocutrice étonnée, il pratique une ligature sur la tige. À quelque temps de là, l’illustre savant présente de nouveau la plante exotique, courbée, languissante, presque fanée à la jeune femme qu’il voulait instruire. « Voyez, reprit-il, cette fleur est votre image. Comme vous, elle s’étiole sous une cruelle étreinte ». Enfin, tranchant le lien constricteur, il eut un regard paternel pour la jeune femme, confuse et rougissante. Nous n’oserions affirmer cependant qu’elle desserra son corset.

Quoique pensassent les puissants du jour et les médecins de l’époque, le corset se généralisa de nouveau. Louis XVIII en pleine réorganisation politique et administrative, trouve encore le temps