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tionnelle beauté consiste, comme sous la Restauration, à être prise entre dix doigts. Musset, le charmant écrivain, l’élégant et neurasthénique poète d’Éros, a protesté à sa manière contre cet abus :

« Elle fait, sous son flanc qui ploie,
« Craquer son corset de satin ».

Cette nouvelle tentative constitue une rentrée dans le cercle vicieux de la mode irraisonnée, que « le corps de baleine », le corset de toilette n’a pu franchir jusque-là. Il inspire alors à Théophile Gauthier cette boutade bien topique : « Le corset est un instrument de torture inconnu en Orient ».

Rien de plus anti-physiologique que ce corset planté et enchâssé au milieu de ces vastes crinolines, réminiscence du vertugadin, dont les ballonnements et les ondulations grotesques ne se dégonflèrent que sous la pointe acérée du crayon des caricaturistes.

Quelques années étaient à peine passées sur les événements de l’année terrible que le corset cuirasse fait son apparition. Il ne valait pas mieux que ceux qui l’avaient précédé.

Pour le disqualifier, rappelons que la compression qu’il exerçait et la rigidité qu’il imposait au thorax donnèrent lieu, il y a quelques années, à un incident pénible qui mit en émoi toute l’assistance d’un mariage élégant.

Pâle sous sa blanche toilette, la mariée, à bout de forces, s’évanouit au pied de l’hôtel. Est-ce l’émotion ? interroge anxieusement le marié !.... A-t-on forcé son consentement ?.... Non, soupire la pauvrette, haletante et rassurante à la fois : « C’est mon corset qui m’étouffe !!.... »

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