Page:Le Corset de Toilette.djvu/36

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application de certaines femmes à réduire à un étranglement ridicule et choquant la partie moyenne du corps. La femme mince est loin d’être la femme svelte. Le corset trop serré, trop raidi par les lames de baleine, détruit l’ondulation des lignes, rend la marche saccadée, plaque le visage de rougeurs malsaines et contrarie surtout le jeu libre des organes respiratoires ».

On ne saurait mieux dire. Et cependant, M. le Dr Proust ne condamne point le corset. Bien au contraire, car il ajoute comme un juste correctif, comme une indication pratique, la réserve suivante : « Loin de nous cependant la pensée de faire au corset un procès trop sévère. Il est indispensable pour assurer le développement régulier des formes, pour maintenir les femmes et les adolescentes dans l’habitude de se tenir droites et de ne point s’abandonner à une liberté d’allures très nuisible à la beauté ».

Dès lors, appuyé sur l’avis des Docteurs Bouvier et Proust, ces deux magistrales autorités, peut-être pourrait-on borner ici la démonstration et conclure. Nous pensons au contraire que la vérité tout entière doit être connue de nos lectrices.

« Le vrai, le vrai seul ! » s’est écrié, dans un élan de sincérité philosophique, un écrivain distingué mais sceptique. Qu’on nous permette de reprendre cette forte parole pour l’adapter aux proportions de notre cadre. Qu’on nous laisse appliquer cette méthode rigoureuse à un sujet traité communément de façon trop légère. Le madrigal, la flatterie spéculatrice, si souvent exploités à cette occasion par ceux qui vivent de la mode, n’auront point ici leur place. Pour avoir prétentieusement tourné quelques précieuses fadeurs à l’adresse de la clientèle mondaine, lui aura-t-on rendu meilleur service ? Point. Nous ne tenterons pas d’égarer une fois de plus la finesse instinctive des femmes. Nous entendons faire œuvre plus sérieuse, plus utile, au profit d’une clientèle très mal informée d’un sujet qui l’intéresse directement.

En ce sens, et pour modifier une négligence, une indifférence dangereuses, il nous paraît urgent de combler certaines lacunes descriptives et de présenter franchement une série d’observations professionnelles dont l’importance n’échappera à personne.