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§ 20. — L’EFFONDREMENT DES PRINCIPES

On a beaucoup discuté la légitimité de l’attitude du « bon Juge » qui, chargé par ses fonctions de faire respecter les lois de son pays, appliquait aux crimes ou délits de droit commun, l’arbitrage de sa conscience. Un riche boulanger ayant fait poursuivre une pauvre femme qui avait volé un pain, ce fut, je crois, le boulanger qui fut condamné. J’ai applaudi, avec beaucoup d’autres, à ce noble geste que n’eût pas désapprouvé Jésus-Christ ; mais, à la réflexion, je me suis trouvé très perplexe. Ce boulanger payait l’Impôt et se croyait, en retour, protégé contre les voleurs, même affamés, par les lois de son pays. Le bon juge s’arrogea le droit de faire l’aumône avec l’argent du boulanger ; certains compagnons de François d’Assise n’agissaient pas autrement ; l’un d’eux, si j’en crois l’histoire, coupa le pied d’un cochon vivant pour le faire manger à un frère malade qui en désirait ; le propriétaire du cochon poussa les hauts cris et demanda justice ; mais il fut désarmé par la naïve bonne foi du coupable ; il se convertit et devint l’un des plus fanatiques prosélytes du grand saint François. Cela est très bien, parce que cela a bien fini, mais je ne sache pas que le boulanger de tout à l’heure se soit décidé depuis son aventure à donner tout son bien aux pauvres.