Dieu merci, mon cher maître (voilà, je l’avoue, un début bizarre pour un livre sur « l’athéisme », mais il faut bien parler français), Dieu merci, l’on n’est plus brûlé aujourd’hui pour ses opinions philosophiques ; on n’a plus besoin d’héroïsme pour dire ce que l’on pense. Sans cela, vous devriez vous faire de sanglants reproches le jour de mon autodafé, car vous ne pouvez vous dissimuler la grande part que vous avez prise à ma formation intellectuelle.
Non pas que, malgré votre penchant bien connu pour le monisme, je veuille vous forcer de souscrire par avance aux opinions exposées dans ce livre ; ces opinions ne me viennent pas de vous ; mais sans vous, je ne les aurais jamais exprimées.
Les mathématiciens m’avaient appris la précision du langage, et c’était déjà beaucoup ; ce n’était pas assez, et je serais resté probablement toute ma vie un excellent élève, si je n’avais eu la bonne for-