Page:Le Dantec — L'Athéisme.djvu/12

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tune de suivre vos leçons. Je ne croyais pas qu’il y eût autre chose à faire que de bien pénétrer la pensée de son professeur et de se l’assimiler sans y rien changer. Cela doit arriver d’ailleurs fatalement à ceux qui suivent un enseignement mathématique, car les mathématiques sont finies ; la biologie, au contraire, commence ou va commencer.

Je n’oublierai jamais la première conférence que vous nous fîtes à l’École Normale en arrivant de Lille ; si vos conceptions me séduisirent, me charmèrent profondément, je fus encore plus émerveillé de la leçon d’indépendance que vous nous donnâtes en terminant : vous nous proposiez, nous dîtes-vous, ces manières de voir comme étant celles qui vous paraissaient les meilleures, mais vous ne prétendiez pas qu’elles fussent définitives ; vous nous engagiez à réfléchir nous-mêmes, et à nous faire des idées personnelles sur tous les sujets.

Ç’aura été un des grands événements de ma vie, d’avoir rencontré, à dix-huit ans, un maître qui, pratiquant la liberté de penser, l’enseignait aux autres. Le grain que vous avez semé en moi ce jour-là a bouleversé ma nature de disciple soumis. Avant d’avoir reçu votre empreinte, j’étais tout disposé à me faire un reproche de ce que, sur beaucoup de points, je ne pensais pas comme tout le monde ; j’avais honte de ne pas trouver claires des propositions que la majorité compacte déclarait admirables de netteté ; je faisais des efforts pour com-