Page:Le Dantec — L'Athéisme.djvu/143

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logie ; seulement, les êtres évoluent tous avec une rapidité du même ordre, et, par conséquent, quand l’un d’eux en observe un autre, il le voit immobile, inerte. Si je considère un plant de seigle en fleurs, je sais très bien qu’il provient d’une graine, qu’il donnera des graines et qu’il mourra, qu’il change perpétuellement, mais cela n’empêche pas que je l’observe comme quelque chose de mort. Il se courbe au gré du vent, puis se redresse comme un ressort d’acier flexible, et ce qui me frappe pendant que je l’observe, ce sont ces mouvements qui mettent en jeu la propriété non vitale de l’élasticité. C’est dans cette lenteur des phénomènes vitaux que réside la plus grande difficulté d’enseignement. On pourrait peut-être y remédier par le procédé du cinématographe.

Je suppose que l’on ait cinématographié d’heure en heure, depuis sa germination jusqu’à sa mort, un plant de froment, par exemple ; il sera facile, ensuite, de faire dérouler sous les yeux des élèves, en une minute, toute l’évolution individuelle de ce plant de froment ; et je crois que, si on réalisait cette opération dans les établissements secondaires, l’esprit des élèves serait frappé une fois pour toutes ; ils n’oublieraient plus jamais que le repos d’une plante n’est qu’apparent, et ils ne se demanderaient plus s’il existe dans un être vivant inerte un principe créateur de mouvement.

Le spectacle serait encore plus frappant si l’on