Page:Le Dantec — L'Athéisme.djvu/144

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pouvait faire dérouler en quelques minutes sous les yeux des élèves l’évolution complète d’un de nos grands arbres à feuilles caduques, avec la succession des bourgeonnements printaniers et des dépouillements automnaux ; on verrait pousser les rameaux à l’aisselle des feuilles tombées, etc. On verrait croître un arbre, ce qui n’est pas ordinairement donné à l’homme. Et cependant, quoique n’ayant jamais vu grandir une plante, nous savons que les plantes grandissent, parce que nous avons le souvenir de leurs formes successives ; de même, en remplaçant les minutes par des siècles, nous savons que les espèces varient sans avoir jamais vu varier une espèce, à cause des documents que nous fournit la Paléontologie ; je reviendrai tout à l’heure sur cette question du temps dans l’évolution individuelle ou spécifique.

Une autre conséquence philosophique de cette observation au cinématographe[1] serait d’écarter des raisonnements l’erreur individualiste. Nous savons bien que les individus changent ; nous répétons avec Pascal : « Le temps guérit les douleurs et les querelles parce qu’on change, on n’est plus la même personne. » Mais, quoique nous le sachions, nous n’y pensons guère, parce que ces

  1. Déjà, en 1897, j’avais proposé cette méthode de démonstration par le cinématographe (cf. Le déterminisme biologique) ; j’apprends que M. Pizon l’a réalisée récemment au lycée Janson de Sailly.