Aller au contenu

Page:Le Dantec — L'Athéisme.djvu/145

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

changements sont lents. Quand nous retrouvons vieillard un être que nous avons connu enfant, nous constatons surtout les variations dont il a été l’objet ; au contraire, si nous vivons quarante ans avec un ami, sans le quitter jamais, nous ne le voyons pas changer ; nous lui conservons le même nom, et il nous paraît être le même mécanisme, ce qui nous pousse naturellement à croire qu’il est doué de liberté absolue, puisque, étant identique à lui-même, il agit différemment dans des circonstances identiques.

Indépendamment même de son importance philosophique, l’erreur individualiste a eu des conséquences pratiques regrettables. Elle a, par exemple, empêché de prévoir l’immunité qui suit certaines maladies infectieuses ; elle a fait considérer comme fantastique le résultat des découvertes de Jenner et de Pasteur. Un malade guérit ; on dit qu’il redevient bien portant, et l’on entend par là qu’il redevient le mécanisme qu’il était avant d’avoir été malade. Cela n’est pas vrai ; il est devenu un autre mécanisme, qui ressemble à l’ancien par certains côtés, mais qui en diffère par certains autres ; il s’est adapté, habitué à la maladie dont il vient de triompher.

Voici un mouton atteint du charbon ; deux ennemis sont en présence, le mouton et les bactéridies qui sont à son intérieur, dans ce cas spécial, la lutte doit se terminer par la disparition totale de