Page:Le Dantec — L'Athéisme.djvu/165

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déreront plus l’esprit humain comme une entité de l’ordre de celles que représentent les particules de Darwin et de Weismann, mais ils comprendront que la logique humaine est le résumé héréditaire de l’expérience ancestrale ; ils sauront, en même temps, quelles sont les bornes de cette logique et comment la sélection naturelle nous assure qu’elle est d’un bon usage pour les hommes qui en sont doués. Et, puisque la connaissance que nous avons du monde résulte des actions réciproques des agents naturels et de notre propre individu, cette connaissance est à l’échelle humaine : nous n’avons plus à nous demander quelle est l’essence des phénomènes extérieurs, car cela voudrait dire : « connaissance de ces phénomènes par un être qui n’aurait pas sa place, son échelle, au milieu d’eux » ; nous ne savons plus ce que c’est que connaître, s’il ne s’agit pas d’un être vivant qui connaît, et qui connaît forcément le monde à son échelle ; il n’y a plus d’absolu…

J’ai développé ces considérations dans un livre récent[1] et je me contente de les signaler ici. Je voudrais seulement montrer, en terminant, que la théorie transformiste, en nous permettant de faire la narration historique de la genèse des phénomènes actuels, a donné au mot « pourquoi ? » une signification nouvelle. Et cela n’est pas sans intérêt si

  1. Les Lois naturelles. Alcan, 1904.