Page:Le Dantec — L'Athéisme.djvu/173

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comme meurt un vibrion, qui se dit que la force qui est en lui se transformera[1]. »

Ces lignes sont de Pasteur, c’est-à-dire de l’homme qui a peut-être le mieux appliqué la méthode scientifique, qui a laissé les plus beaux modèles de recherche expérimentale précise, et qui cependant, lorsqu’il s’agissait de lui ou des siens, voulait des théories consolantes et ne se préoccupait pas de leur vraisemblance ; il n’acceptait même pas de discuter ces théories, de peur d’être amené à ne plus y croire. Logique de sentiment ! Rien n’est plus humain, et les plus grands savants sont des hommes.

Peut-être d’autres philosophes font-ils aussi de la logique de sentiment, quand ils croient fermement à l’anéantissement final ; peut-être trouvent-ils, dans cette croyance dont ils ne peuvent démontrer le bien fondé, autant de consolation qu’en a jamais pu tirer Pasteur du dogme de l’immortalité. Chez certains peuples malheureux, l’anéantissement total est promis comme récompense à l’homme vertueux. Et l’on conçoit très bien que les hommes « aux faicts qu’on leur propose, s’amusent plus volontiers à en chercher l’agrément[2] qu’à en chercher la vérité » ; nous sommes toujours séduits par le côté utile des choses, même quand nous essayons de nous élever aux

  1. Discours à l’Académie de médecine.
  2. Montaigne dit : « la raison ». (Essais, liv. III, chap. xi.)