Page:Le Dantec — L'Athéisme.djvu/174

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plus hautes spéculations ; je me rappelle à ce propos cette boutade de Nodier : « Y a-t-il des raisons qui puissent dispenser un homme de publier hautement ce qu’il reconnaît pour la vérité ? Il y en a une qui les vaut toutes ; la vérité est inutile[1]. » Renan affirmait tout l’opposé, parce qu’il lui plaisait de l’affirmer, et uniquement pour cela ; plusieurs auteurs ont prétendu que la vérité d’un système se mesure à son utilité, d’où il résulterait naturellement que la vérité n’est pas impersonnelle, puisque ce qui est utile à l’un est nuisible à l’autre, en raison de la lutte pour l’existence.

Il faut cependant admettre qu’il y a des vérités impersonnelles ; cela est vrai de tout ce qui est susceptible d’une expression mathématique, et c’est pour cela que la mathématique est la langue de la Science. En dehors de ces vérités qui constituent la Vérité (avec une majuscule), il n’y a que des préférences sentimentales qui se résument dans la vieille formule : « on croit aisément ce que l’on désirerait qui fût ». Et de cette Vérité, avec un grand V, un pessimiste contemporain a dit : « ce qu’il y a de terrible quand on cherche la Vérité, c’est qu’on la trouve[2] » ; d’où il faut conclure, une fois de plus, que, même quand il

  1. Ch. Nodier ; dernières lignes de Jean-François les Bas bleus.
  2. R. de Gourmont. J’ai copié ces lignes dans une Revue