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Page:Le Dantec — L'Athéisme.djvu/191

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Je relève, par exemple, une contradiction fondamentale entre l’opinion, citée plus haut, de M. Armand Gautier, et celle d’un dualiste de très haute valeur, M. Duhem.

« Il n’y a donc pas eu, disait tout à l’heure M. A. Gautier, pour créer la pensée ou la détermination d’agir, détournement d’une partie de forces mécaniques ou chimiques, transformation de l’énergie matérielle en énergie de raisonnement, de délibération, de pensée. Ces actes, exclusivement propres aux êtres doués de vie, n’ont pas d’équivalent mécanique. »

Voici, d’autre part, ce que dit M. Duhem[1], reprenant, pour la faire sienne, une pensée de Leibniz : « Bien loin d’imiter cette physique qui croyait avoir donné une explication, alors qu’elle avait seulement créé un nom, on devra, à l’imitation de Descartes et de Huygens, pousser l’analyse des effets naturels jusqu’à ce qu’ils soient réduits aux phénomènes les plus simples ; mais, lorsqu’on sera parvenu à ces propriétés premières des corps, qui expliquent toutes les autres, on trouvera qu’elles ne consistent pas seulement dans l’étendue, c’est-à-dire dans la grandeur, figure et mouvement, mais qu’il faut nécessairement y reconnaître quelque chose qui ait du rapport aux âmes et qu’on appelle communément forme substantielle, ou

  1. P. Duhem. Revue générale des Sciences, janvier 1903, pp. 71-72.