Page:Le Dantec — L'Athéisme.djvu/201

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des choses qui sont susceptibles de mesure. Il me sera facile alors de lui faire admettre, contrairement à l’affirmation de M. Armand Gautier, que les pensées de l’homme sont liées à des variations dans l’état matériel de son corps, que ces pensées sont, pour employer une expression mauvaise, mais courante, le reflet intérieur des variations de sa substance vivante, ou, en d’autres termes, qu’il y a deux manières de connaître ce qui se passe dans un individu vivant : l’une, objective, et, dans l’état actuel de la science, inapplicable à l’homme parce que les phénomènes mesurables qui se passent dans son cerveau sont trop difficiles à mesurer, l’autre, subjective et très facile à employer, mais accessible seulement à celui qui est à la fois observateur et observé.

Si l’on réussissait à doser exactement, avec leur caractère chimique, leur état physique et leurs particularités topographiques, toutes les variations qui se produisent à un moment donné dans la substance d’un homme, on aurait donc, dans cette série de nombres, l’équivalent des pensées que cet homme a eues au même instant, la traduction de ses pensées dans un langage tel, qu’il n’existe pas encore de dictionnaire permettant de passer du langage humain à ce langage scientifique. Mais avant l’invention du phonographe, quel savant aurait su lire sur le cylindre d’un appareil enregistreur les hiéroglyphes constituant l’inscription