Page:Le Dantec — L'Athéisme.djvu/240

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du dormeur ; il est infailliblement condamné ; mais du bout de ma canne, je donne une légère impulsion à la pierre, sa trajectoire dévie, et voilà mon homme sauvé ; voyez-vous là quelque chose qui soit en contradiction avec les lois naturelles ? Dieu peut donc faire des miracles sans donner le moindre accroc aux lois qu’il a imposées au monde ».

Évidemment, l’effort de la canne du sauveteur est petit par rapport à la force vive du pavé qui tombe ; mais il n’est pas nul, et il a une équivalence mécanique ; tandis que si c’est Dieu qui est intervenu, par l’exercice d’une volonté qui se manifeste sans que se modifie rien qui soit susceptible de mesure, son intervention, si minime qu’elle soit, est en contradiction avec le déterminisme universel. C’est toujours la question des mises en train. De ce que nous en connaissons quelques-unes qui nécessitent un très faible effort et que, dans la pratique, on peut négliger dans l’évaluation d’un travail total souvent très considérable, on conclut qu’il est possible, dans les théories, d’assimiler à ces quantités négligeables les déterminations d’agir qui se passent dans le cerveau de l’homme, et de déclarer, avec M. Armand Gautier, qu’elles n’ont pas d’équivalent mécanique. Avec la formule que j’ai proposée comme définition du monisme, il me semble qu’aucune ambiguïté ne subsiste.