Page:Le Dantec — L'Athéisme.djvu/25

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docile et soumis ; je ne me vante pas en disant que j’étais un très bon petit garçon, et l’un des moins méchants de mes camarades ; j’avais un sentiment profond de mes devoirs et aucune prétention à des droits ; j’ai même beaucoup souffert quelquefois de scrupules de conscience exagérés, mais je n’ai pas cru un instant à l’existence d’un juge infiniment clairvoyant qui punirait et récompenserait chacun suivant ses mérites. Non pas que je n’eusse l’idée de mérite et de culpabilité ; au contraire, je l’avais très profondément ancrée quoique ne croyant pas à la justice immanente ; c’est seulement bien plus tard, que des raisonnements philosophiques m’ont amené à rejeter la responsabilité absolue ; même aujourd’hui que je n’y crois plus, j’en ai encore le sentiment aussi vif et aussi douloureux que dans mon enfance, mais mon système biologique me fait comprendre cette contradiction, et je m’en console.

Je me consolais moins, étant enfant, de ne pas être comme les autres ; j’ai bien souvent regretté de ne pas partager la foi de mes jeunes amis, de ne pas croire ce qu’ils croyaient, ce qu’ils avaient l’air de croire, dirai-je plutôt, car, en toute sincérité, je ne pouvais pas m’imaginer qu’ils fussent tellement mieux doués que moi. Je les soupçonnais un peu de jouer la comédie par orgueil ; de même probablement, eussent-ils cru à de la mauvaise foi de ma part, si je leur avais