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Page:Le Dantec — L'Athéisme.djvu/252

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« Le matérialisme, dit M. Vignon[1], ayant assumé la tâche d’exorciser l’acte téléologique, devait triompher tout d’abord de la volonté consciente et raisonnée, de l’attention active ; en effet, toutes ses conquêtes ultérieures éventuelles étaient condamnées à rester vaines, tant qu’il laissait debout et en fonction une seule intelligence directrice. À vrai dire, le psychisme actif, ce réduit du finalisme, ce domaine des tendances intentionnelles, eût pu passer pour inviolable : s’aveugler, à coups d’arguments logiques, sur l’existence même de cette raison qui fait la valeur de notre vie ; s’amputer, de propos délibéré et à force de volonté, de cette énergie morale qui est ce qu’on porte de meilleur en soi-même ; et tous ces efforts intellectuels afin que nul effort, poursuivi par une intelligence, n’eût le droit de travailler en vue d’un avenir qui ne fût pas contenu, d’avance et tout entier, dans les conditions mécaniques élémentaires des masses en présence ! L’entreprise était désespérée (Claude Bernard a dit absurde) ; car elle portait en elle une de ces contradictions immanentes et persistantes qu’on ne transgresse qu’en renonçant à faire œuvre raisonnable. » Voilà exprimée une fois de plus l’erreur qui provient d’une mauvaise compréhension de la théorie de la conscience épiphénomène ; je retrouve la même erreur, à chaque

  1. Op. cit., pp. 23-24.