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Page:Le Dantec — L'Athéisme.djvu/266

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pratique ; elle nous aide à nous continuer ; notre longue expérience n’est que l’expérience de ce qui nous est utile ou nuisible ; seule, cette expérience-là a pu se répéter assez de fois pour nous modifier et nous instruire ; nos sens ont eu beau se spécialiser et s’affiner, ils ne pénètrent qu’une infime partie de la réalité, celle que nous avons besoin d’explorer, afin d’y vivre ; ils nous laissent ignorer tout ce qui n’est pas indispensable à notre continuation ; cette science, dont nous sommes si fiers, fondée sur une expérience pratique, construite avec nos sens, qui sont des instruments pratiques, n’a aucune valeur en tant que théorie.

« J’aurai, là-dessus, bien des réserves à faire ; j’en aurais davantage encore si je croyais fermement, comme vous, à une absolue connexion entre les phénomènes, puisque, alors, la connaissance d’une partie pourrait conduire à la connaissance du tout, et la connaissance de ce qui nous est utile à la connaissance du reste : mais, en passant, je veux me réjouir un instant avec vous du nombre et de la diversité de ceux qui prétendent n’accorder à la science qu’une valeur d’utilité : il y a vous, qui aimez passionnément cette science et qui lui avez donné votre vie tout entière ; il y a ceux qui méprisent ce qui est utile aux autres, et qui versent des larmes sur la décadence des études désintéressées, dont ils ont vécu ; il y a encore les néo-positivistes, qui sont des gens dis-