ou réalisés par les individus se transmettent quelquefois à leurs descendants et se fixent dans les espèces. Admettons-le. Les perfectionnements s’ajoutent, parce que les individus moins imparfaits ont plus de chances pour survivre. Je l’entends ainsi. Petit à petit, la mémoire consciente, l’adaptation des actes au but, le raisonnement, la raison apparaissent. Sans doute, ni vous, ni moi, nous n’avons nulle idée de la façon dont tout cela s’est fait ; mais, n’importe, il m’est commode d’imaginer que les choses se sont passées ainsi, et, pour en être persuadé, vous avez de meilleures raisons que moi, tirées de votre savoir. Pour moi, je me laisse prendre par la séduction des hypothèses que vous développez. Pourquoi me séduisent-elles ? À cause de la manie de la continuité, de cette maladie qu’Hermite, notre commun maître, dénonçait avec une vigueur si amusante, chez la plupart de ceux qui s’occupent de mathématiques, et qui ne s’attachent qu’aux fonctions continues ; vous vous rappelez qu’il rendait les mathématiciens responsables de tous les méfaits des naturalistes : c’est les mathématiciens qui ont commencé.
« Dans ce long frottement que vous décrivez, du monde extérieur sur la pensée de nos ancêtres, dans ce travail où l’ouvrier (c’est le monde extérieur) rejette les échantillons imparfaits et parvient, à force de temps et d’essais manqués, à construire l’organisme compliqué qui est le nôtre, il me semble