Page:Le Dantec — L'Athéisme.djvu/269

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que vous négligez trop la pensée elle-même ; qu’est-elle pour avoir supporté ce merveilleux travail ? Sur quoi ce travail s’est-il exercé ? Il ne me suffit pas que vous appeliez épiphénomène ce je ne sais quoi : il est quelque chose. Lui aussi est dans la nature, il est au moins une possibilité de ce qui est ; il est capable d’exister et de se manifester à sa façon, de s’adapter aux choses et d’y pénétrer ; s’il n’est pas distinct du monde extérieur, il en est une activité propre qui ne ressemble pas aux autres ; c’est cette activité propre que je ne vois nullement dans votre livre. Je ne vous demande pas de la définir ; tout ce que vous savez n’y suffirait pas. Je regrette que vous la teniez cachée, que la pensée, dans son développement, apparaisse toujours passive et ne se perfectionnant que par l’action de ce qui n’est pas elle : j’imagine qu’elle n’est pas pour rien dans son propre perfectionnement.

« Les êtres vivants et pensant (tant soit peu), d’où nous sommes sortis, avaient au moins une propriété qui ressort de ce que vous dites : ils se reproduisaient dans des êtres qui gardaient quelque chose de leurs aïeux et qui en étaient différents ; une plus grande complication, un progrès, étaient possibles dans la descendance, puisque l’une et l’autre se sont produits. Eh bien ! Cette possibilité, cette puissance de variation et de progrès me paraissent au fond plus essentielles que le rôle