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Page:Le Dantec — L'Athéisme.djvu/274

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qu’on fabrique des êtres pensants, à la suite d’opérations bien déterminées : c’est alors que ce que nous appelons matière a des propriétés, des activités possibles qui ne sont pas ce que nous connaissons actuellement dans la matière. Malgré tout, je crois sentir, au fond du drame complexe qui aboutit à la formation de notre conscience, une activité qui ressemble moins aux phénomènes mécaniques qu’à ma volonté de vivre, à mon désir de plus penser et de mieux penser. Elle a été servie par les phénomènes mécaniques, qui ont fait disparaître les résultats de tentatives infructueuses, où elle ne s’est pas épuisée.

« Voici que vient de naître un de ces admirables élus dont vous nous avez décrit la très vieille noblesse. En quelques jours, sous le coup de ses sensations répétées, s’éveillera la mémoire inconsciente que lui ont léguée ses innombrables ancêtres. Il reconnaîtra ces sensations, les distinguera, les rapprochera, les classera ; il rapportera au même objet les sensations très diverses, dont vous dites qu’elles appartiennent à des cantons différents ; il situera les objets dans l’espace et les phénomènes dans le temps ; il saura atteindre les uns et se rappellera les autres ; il comprendra les signes ; il apprendra le nom d’un objet particulier, il donnera un même nom à des objets dont il aura saisi les analogies ; il aura des concepts distincts. Les cadres de sa pensée sont formés d’avance ; ils