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Page:Le Dantec — L'Athéisme.djvu/28

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l’interprétation théorique des résultats observés. J’étais peu soucieux de savoir si une espèce d’amibe digérait la cellulose, une autre pas ; mais je fus très heureux de pouvoir m’expliquer à moi-même, sans faire intervenir aucune propriété vitale, le phénomène premier de la nutrition. Aujourd’hui, définitivement attaché aux questions d’explication mécanique de la vie, je suis ramené par l’observation de n’importe quel fait à mon dada favori, mais je me rends compte aisément que l’amibe, avec ses vacuoles digestives qu’on voit se former, et dans lesquelles on suit au microscope toutes les étapes du phénomène vital, était le sujet le plus propre à m’orienter vers la philosophie. De plus, les phénomènes étant relativement simples chez l’amibe, je pus m’imaginer bientôt que j’avais parcouru le cycle de toute la vie cellulaire ; fort de cette certitude, j’entrepris, avec la même méthode, l’étude des êtres plus élevés en organisation ; nulle part je ne trouvai de phénomène capable de faire changer mes convictions premières ; j’arrivai seulement, petit à petit, à plus de sagesse ; de métaphysicien matérialiste, je devins, à proprement parler, agnostique ; j’arrivai à me dire que je ne savais rien, mais que j’en savais cependant au moins autant que ceux qui s’imaginent savoir tout, trouver tout, dans un dogme quelconque ou dans Thomas d’Aquin.

Quoique convaincu de mon impuissance, je reste