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Page:Le Dantec — L'Athéisme.djvu/307

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avis, le plus important des phénomènes animaux ; j’ai seulement appelé épiphénomène la conscience que vous avez de votre pensée ; quand je parle de pensée, il s’agit donc naturellement du phénomène lui-même, et non du fait qu’il a ou n’a pas ce reflet intérieur, dont je me soucie peu quand il ne s’agit pas de moi, puisque je ne puis être certain qu’il existe chez les autres. L’activité propre, dont vous vous plaignez que je ne parle pas, se résume, pour le cerveau comme pour les bras ou les jambes, dans cette assimilation fonctionnelle à laquelle j’ai la prétention de réduire tous les phénomènes vitaux, sans exception. Cette activité propre ne ressemble pas aux autres, comme vous le dites, et c’est pour cela qu’elle peut définir la vie sans ambiguïté.

Dans mon premier ouvrage sérieux : « Théorie nouvelle de la vie », je ramenais tout à l’assimilation fonctionnelle ; je crois bien que je n’y prononçais même pas le nom de Darwin, et que je ne faisais pas appel une seule fois à sa « sélection naturelle » ; mais ce diable d’homme est si séduisant ! il a une manière si élégante de tourner les difficultés, que, lamarckien convaincu, j’ai été souvent darwiniste malgré moi. Je l’ai été surtout, quand je me sentais fatigué, car le darwinisme donne, sans exiger grand effort, des satisfactions malheureusement peu durables. J’ai même essayé, pour me pardonner à moi-même mes défaillances,