Page:Le Dantec — L'Athéisme.djvu/73

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auditeurs, après l’incendie du bazar de la Charité, le célèbre dominicain Ollivier ? Or, la peur, me semble-t-il, se concilie bien mal avec l’amour.

Je ne suis pas héroïque de nature ; si j’avais cru qu’un maître absolu peut m’accorder un bonheur éternel ou me condamner à des supplices sans fin, j’aurais probablement fui, dans un cloître, les dangers du siècle ; j’aurais passé ma misérable existence sublunaire à chanter la gloire du despote dont aurait dépendu mon avenir. C’est encore une conséquence de mon athéisme inné que de ne pas partager l’admiration des croyants pour ceux qui ont résolu ainsi le problème de la vie. Les prêtres eux-mêmes déclarent, paraît-il, que l’état monastique est l’état le plus parfait. Pour ma part, je n’admire pas les moines ; je ne les méprise pas non plus, car je suis sûr que j’aurais fait comme eux si j’avais cru ; je ne puis pas mépriser un homme, quoi qu’il ait fait ; je me sens trop semblable à lui et trop capable de l’imiter.


§ 15. — LA PRIÈRE

La prière est la plus importante occupation des croyants ; évidemment, un athée ne peut pas se rendre compte de l’état d’esprit d’un homme qui prie ; il ne peut discuter cet état d’esprit qu’avec sa logique d’athée ; il a, par conséquent, bien des chances de raisonner faux et de méconnaître l’un