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L’EMBOÎTEMENT DES GERMES

Voilà une hypothèse dont la genèse est bien explicable ainsi que je l’ai déjà fait remarquer. Elle provient naturellement de la tendance que nous avons à considérer comme simples les phénomènes qui nous sont familiers. Nous voyons grandir les jeunes animaux et, par suite, nous concevons facilement qu’ils proviennent eux-mêmes, et par le même procédé, d’animaux semblables et plus petits, tellement petits même qu’ils ne soient plus visibles à l’œil nu. Et cependant, si l’on mettait devant nous, à côté du germe microscopique de l’animal futur, la masse totale des aliments aux dépens desquels se constituera son corps adulte, nous serions bien embarrassés pour nous rendre un compte exact de la manière dont s’effectuera le développement, même si nous découvrions au microscope dans le germe, l’image réduite et parfaite du corps qui en proviendra. N’est-ce pas à ce besoin d’explication que répond le vieux cliché : « Les corps vivants diffèrent des corps bruts en ce qu’ils s’accroissent par intussusception » ? Cela est tout simple et puisque cette propriété ( ?) spéciale met les êtres vivants en dehors de la physique et de la chimie, pourquoi nous entêter à vouloir chercher dans ces sciences précises une explication des phénomènes vitaux auxquels elles ne sont pas applicables ? On ne doit expliquer la vie que par la vie, et puisqu’il est notoire que les animaux jeunes grandissent, tout le développement se comprend sans peine.

Ce raisonnement, les partisans de la préformation l’ont fait implicitement sans s’en apercevoir ; il est donc naturel que leur théorie ne les ait conduits à aucun résultat puisque cette théorie considérait d’emblée comme insolubles les grands problèmes de la