Page:Le Degré des âges du plaisir, suivi de L’École des filles, 1863, T2.djvu/103

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qui nourrit l’amour. Parlons tout de bon et sans feinte ; aimerais-tu bien Robinet s’il était châtré, quelque beau et bien fait qu’il puisse être ; du reste, l’aurais-tu voulu pour amant ? Réponds.

— Non, assurément.

— Eh bien, ce qui est vrai à ton égard ne doit-il pas l’être aussi au sien, tellement que si tu n’avais point eu de place pour loger son membre, si tu n’avais point eu de beauté pour le faire bander, serais-tu assez simple que de t’imaginer qu’il t’eût aimée ; non, ma cousine, il faut que tu te détrompes, les hommes n’aiment en nous que leurs plaisirs, et quoiqu’ils nous témoignent le contraire quand ils nous cherchent, ils ont toujours leurs désirs fixés entre nos cuisses, de même que nous n’aspirons qu’à être baisées et accolées par eux. As-tu jamais vu les bêtes dans les champs et combien amoureusement le mâle grimpe sur la femelle, le taureau sur la génisse, le cheval sur la jument, le bélier sur la brebis ; c’est ainsi qu’il en est des amours, et quelques protestations d’honneur, d’amitié et de respect que les hommes nous fassent, tout cela n’aboutit qu’à nous renverser sur un lit, gagner le dessus, nous trousser insolemment la chemise, nous saisir d’abord au poil