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qu’il communique son plaisir en quelqu’endroit de la femme, ne demande que la conjonction de deux parties ; cela fait que quand il sent ses charmes, il s’agite, remue contre elle et trompe sa raison, parce que l’idée le veut ainsi, à cause de quelque ressemblance qu’a cette conjonction avec la véritable et naturelle.

— Ma cousine, interrompit Fanchette, vous ne me dites rien du baiser de la langue, qui me semble aussi être une fantaisie.

— Le baiser de la langue est une autre tromperie de l’amour, qui cherche la conjonction en toutes choses et de toutes sortes de manières ; c’est une image du membre viril qui entre dans le vagin de la femme, car une langue étant glissée sous l’autre et pressée à l’entour par deux lèvres, l’âme est trompée par la ressemblance de cet objet ; c’est pourquoi il semble alors que le cœur s’exhale par la bouche en souffrant les caresses qui lui sont faites, ce qui fait qu’elles se picotent çà et là et imitent les plus vives gesticulations du membre viril ; alors l’imagination se réjouit presqu’autant de cette vaine figure du plaisir amoureux que si c’était ce plaisir lui-même dans sa réalité.