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— Et tu écoutes cela, dit Suzanne en haussant les épaules, pas encore bonne à marier, toi, une fille de seize ans, grande et formée comme tu es ! Voilà qui est bien parler pour une mère qui devrait songer à ton plaisir au moins autant qu’elle fait au sien ; mais voilà comme sont aujourd’hui les pères et mères envers leurs enfants. Je ne comprends pas, au surplus, comment tu es assez simple pour croire qu’on ne puisse avoir compagnie d’hommes sans être mariée.

— Oh ! mais aussi en vient-il assez souvent ici, reprit vivement Fanchette.

— Ah ! dit Suzanne en souriant, où sont-ils donc, car je n’en vois point ?

— Aussi je ne vous dis pas qu’ils sont ici pour l’instant, mais bien qu’ils y viennent souvent, et si vous voulez savoir de qui j’entends parler, n’y a-t-il pas premièrement mes deux oncles, mon parrain, mon cousin de Lamothe et tant d’autres.

Suzanne éclata de rire.

— Eh ! ce n’est pas de ceux-là que je te parle, j’entends des étrangers.

— Eh bien, des étrangers, n’y a-t-il pas, reprit Fanchette, Duverger, Dumoulin, Monsieur Delorme et le jeune monsieur Robinet, que j’aurais dû