Page:Le Degré des âges du plaisir, suivi de L’École des filles, 1863, T2.djvu/14

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nommer le premier, car il vient assez souvent ici et me dit chaque fois qu’il m’aime et bien d’autres choses auxquelles je n’entends rien. Mais à quoi tout cela sert-il, je n’ai non plus de plaisir avec tous ces hommes-là qu’avec ma mère et avec ma tante, qui me font rire quelquefois, et j’aime bien mieux qu’il n’en vienne pas du tout que de voir toutes les simagrées qu’ils font, car quand je leur parle ils agissent avec plus de cérémonie et me regardent avec des yeux si effrayants qu’on dirait qu’ils ont envie de me manger. Pourtant, au bout du compte, ils ne me disent rien qui vaille ; quand ils s’en vont, ils sont à leur dire aussi peu contents que quand ils sont venus. Franchement, ma cousine, y a-t-il là de quoi désirer la visite des hommes ?

— Mais enfin, demanda Suzanne, ne te disent-ils pas que tu es belle et ne veulent-ils pas t’embrasser ou toucher en quelqu’endroit ?

— Si, vraiment, dit Fanchette étonnée, mais comment donc, ma cousine, avez-vous deviné cela, car je ne pense pas que vous soyez derrière moi quand ils me parlent, mais le fait est que ce qu’ils me répètent le plus souvent c’est que je suis belle ; puis ils approchent leur bouche de la