Page:Le Degré des âges du plaisir, suivi de L’École des filles, 1863, T2.djvu/38

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font mal comme nous, et s’ils avaient établi cette loi comme vous dites, ils ne l’auraient point établie contre eux-mêmes.

— C’est pour nous abuser qu’ils en agissent ainsi, car s’ils ne s’étaient pas soumis à cette loi qu’ils ont inventée, les femmes auraient dit : Oh ! oh ! pourquoi y aurait-il du mal pour nous s’il n’y en a point pour eux, mais ils n’ont pas laissé de se tirer de là par une autre raison ; ils disent que devant Dieu ce péché n’est pas plus grand qu’un autre, et qu’il n’y a pas plus de crime à enfiler une femme qu’à manger des œufs en Carême. Mais pour les femmes ils y ont attaché un certain point d’honneur afin de les tenir en crainte, et ils ont voulu marquer d’un sceau d’infamie celle qu’on sait avoir manqué à cette loi.

— Et quand on ne le sait pas ?

— Elles sont aussi honnêtes que les autres.

— Il n’y a donc que la foi qu’on a en leur vertu qui les rend honnêtes ?

— Sans doute, mais ne vaut-il pas mieux qu’elles se laissent enfiler sans qu’on en sache rien que si elles restaient sages et qu’on vînt à s’imaginer le contraire ? Car il faut que tu saches qu’il y a des femmes assez malheureuses pour