Page:Le Degré des âges du plaisir, suivi de L’École des filles, 1863, T2.djvu/40

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giner que tu es initiée aux secrets d’amour ; tu passeras à leurs yeux pour sage, ne parlant que de choses bonnes et honnêtes, tu seras louée et estimée de chacun ; car la connaissance intérieure de ce que tu auras expérimenté en cachette t’inspirera une certaine suffisance de toi-même qui te rendra plus hardie et plus spirituelle en compagnie et te fera préférer aux autres filles qui, pour la plupart, sont stupides à force de honte, et il ne peut manquer à la fin que, parmi tous ceux qui t’aimeront et envers lesquels tu seras toujours d’une honnête sévérité, il ne se trouve quelqu’un qui donne dans le panneau et ne t’épouse. Cependant, tu auras l’air de voir avec indifférence ton ami dans les lieux publics, et tu l’entretiendras sans scrupule, goûtant avec lui la douce satisfaction de tromper ouvertement tant de gens. Et le mieux de tout cela, c’est qu’après avoir bien employé ta journée à discourir et t’être mise en humeur par les bonnes manières qu’on aura eues pour toi, te moquant dans ton âme de la sottise de tes compagnes qui emploient si mal la nuit toutes seules, tu la viendras passer amoureusement entre les bras d’un ami, qui fera tous ses efforts pour satisfaire ta passion.