Page:Le Disque vert, nord, tome 2, 1922 - 1924.djvu/811

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conscience a des cris qui exigent et pourtant elle ne sait guère ce qu’elle veut ; ce sont ses hurlements qui la révèlent. Au reste, un désir de se blesser soi-même, de se refouler, de s’isoler, de se meurtrir, rend l’équilibre humain plus impossible que celui d’une pierre dans le vide. Tourment irrémédiable, état premier chez tout être actuel, et dont, si l’on en veut essayer l’histoire, il faut rendre presque totalement responsable l’influence juive. Mais déjà, pour essayer de retrouver notre équilibre, nous voyons qu’il ne s’agit plus de parler de morale, mais d’hygiène d’âme, tout comme on parle d’hygiène de corps. Freud (dont les livres, rien que par les descriptions d’anomalies, ont pu sembler à certains des bréviaires de perversité), Freud a le premier suggéré la notion de cette hygiène. Je ne parle point de sa thérapeutique, véritable pastiche, mais sa méthode d’investigation a prouvé qu’il ne fallait jamais meurtrir une normale dont il était grand temps de s’apercevoir qu’elle change avec chaque individu. Imposer à tous une même loi morale est aussi sot qu’imposer à tous une même couleur des cheveux, un même tour de taille. Hélas, tel est le besoin d’uniformité (« les Français, disait Napoléon, chérissent l’égalité, mais ne sauraient que faire de la liberté ») qu’on veut croire, au besoin, à l’efficacité d’une règle obligatoire et générale comme celles des monastères et des casernes : il faudrait auparavant prouver la nécessité — en soi — des casernes, des monastères.

M. Massis, par exemple, dans les réflexions qu’il fit à propos de Dostoïevski, d’André Gide, reproche