Page:Le Disque vert, nord, tome 2, 1922 - 1924.djvu/810

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Telle quelle, sa pièce d’alchimiste me tente et m’effraie.

Je ne me rappelle plus qui disait que, pour se faire une idée de l’infini le seul moyen était d’imaginer deux miroirs, bien en face l’un de l’autre ; or, entre ces miroirs, Freud met ce dont justement nous fut enseignée la honte ; d’autre part, comment imaginer le moi inconscient sans cette grandeur métaphysique si généreusement reconnue à ce qui surprend notre intelligence et la domine à la fois ?

Pudeur et humilité devant une simple parcelle de l’individu qui n’est plus l’indivisible. L’individu se regarde et, comme s’il voulait regretter davantage, il estime plus large, plus imposant son mystère à mesure qu’il le juge mieux, qu’il s’en détache. Pudeur et humilité devant le plus secret et le plus puissant ; l’homme toujours s’égare dans l’amoureuse étude de soi-même.

L’intelligence apprécie la logique des systèmes mais n’a cure de leurs fondements ; or, il n’y a point de systèmes métaphysiques, philosophiques, scientifiques dont l’homme n’ait entrepris de tirer une morale. Comme chaque jour nous nous réjouissons des ascenseurs, des automobiles, des lampes électriques, du chauffage central, plutôt que des grands principes qui en permirent la réalisation, un sens utilitariste, sens universel, flaire, dès quelque apparition nouvelle, une règle de vie adéquate aux goûts humains ; des soifs d’âme éternellement supplient qu’on les apaise ; la