Page:Le Disque vert, nord, tome 2, 1922 - 1924.djvu/813

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l’influence chrétienne qui est ici l’influence juive elle-même. La race juive fut toujours effrayée de la violence de ses appétits, de son odeur de bouc ; mais un parfum de sacristie n’a jamais pu dérober l’odeur des sexes. C’est pourquoi Jésus vomissait les tièdes, et disait de Madeleine : « Il lui sera beaucoup pardonné parce qu’elle a beaucoup aimé. » Pour lui, la grandeur seule était sainte et c’est bien en cela qu’il participait du divin. Mais pouvait-il se faire comprendre des gens de son quartier, de son village, de sa province ? Je veux rappeler encore la phrase de Nietzsche qui n’est qu’un très beau lieu commun : « Ce qui se fait par Amour est par-delà le Bien et le Mal. » Le Bien et le Mal sont des notions inutiles à ceux qui ont entendu leur voix intérieure, qui ont trouvé leur vérité ; c’est pourquoi l’Amour n’a rien à voir avec le bien, avec le mal.

Quant à Freud, il ne fait que reconnaître la force de cette voix d’Amour, lorsque, parlant le langage quotidien d’un homme de science, il établit l’influence irréfutable des impulsions sexuelles. Sa conclusion éthique est donc que tout être, après avoir trouvé sa normale, doit l’accepter toujours. Ainsi le spécialiste recommande au malade intelligent de fixer son régime, comme si, dit-il, il était son propre médecin. La psychanalyse nous permet de nous retrouver ; c’est beaucoup lorsqu’on songe au fatras de la civilisation ; à la vérité, elle a donné la notion d’une discipline plutôt que d’une science nouvelle. Aux plus audacieux, elle permet de trouver une morale, et encore une fois cette morale