Page:Le Disque vert, nord, tome 2, 1922 - 1924.djvu/814

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est individuelle, et c’est moins une morale qu’une hygiène d’âme.

Le plus facile de nos rêves a toujours été celui où s’évoque une Grèce dont l’eurythmie était la plus saine insouciance. Seuls les jeunes lords d’Abel Hermant gardent encore dans quelques coins de la vieille Angleterre cette fraîcheur qui, sous le clair regard d’Athèna, s’alliait à la science subtile, à l’intelligence prompte ; mais nous, qui n’avons plus la pureté, la grâce animale et divine, il convient de nous délimiter. Freud est notre Socrate et il était temps qu’il vînt. Pour trouver en soi l’individu précis et suffisant, beaucoup demandent aux drogues l’illusion, d’autres s’exaspèrent dans la tristesse, envient les matelots rajeunis par les longues traversées (qui, les mains brunies, caressent les filles si douces, si douces), les femmes de quarante ans, et ceux ou celles qui aiment les corps de leurs maîtresses, de leurs amants, comme des fruits, des étoffes. Or, si la psychanalyse peut tuer toute spontanéité (Psyché perdit l’Amour pour l’avoir voulu connaître), elle peut, au contraire, en nous montrant notre voie, nous permettre de retrouver le simple, le sûr instinct. Et c’est pourquoi Freud alchimiste devient le plus grand des hygiénistes.

René crevel



SHAKESPEARE.

« Nous sommes faits de la même étoffe que les rêves, et notre pauvre petite vie est environnée de sommeil. »