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Page:Le Disque vert, nord, tome 2, 1922 - 1924.djvu/818

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tant de personnes qui parlent de psychanalyse, ne savent au fond pas de quoi il s’agit. Comme l’a dit très justement le professeur H. Claude, de Paris, dans ses leçons sur la psychanalyse : « beaucoup de personnes en parient et très peu la connaissent ». L’esprit spéculatif qui tient tant de place dans la psychologie se passe parfois trop facilement de l’expérience concrète. Il n’en est pour cela pas moins affirmatif. Au nom de l’introspection consciente il croit pouvoir expliquer les phénomènes les plus complexes, même ceux de l’inconscient, desquels par définition il ne peut avoir conscience. Rien ne contrôle alors l’imagination qui aime à s’élever au-dessus des réalités pénibles, d’autant plus qu’ainsi elle croit trouver la clef de la solution des problèmes les plus mystérieux. Cette façon de procéder, de même que le rêve, considère trop facilement les désirs comme réalisés. En science, où il s’agit de discerner soigneusement les faits certains des faits probables, possibles ou impossibles, elle est des plus dangereuses, parce qu’elle s’oriente d’après les exigences de l’affectivité du sujet et non d’après les points de repère positifs. Bleuler, professeur de psychiâtrie à Zurich, a nommé cette forme de pensée soi-disant scientifique : la pensée déréistique. Dans un livre spécial, il démontre l’influence funeste qu’elle peut exercer particulièrement en médecine, où, malgré tant d’obscurité, nous sommes parfois forcés de trouver une théorie, une explication à tout, ne serait-ce que pour tranquilliser le malade. Le grand inconvénient de cette orientation de